Orientation du travail


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orientation du travailLe texte à lui seul est entier, c’est une entité.
Il s’agit pour le comédien de le vivre en scène. Alors, le décortiquer, découvrir en lui tous ses rythmes, toutes ses images, toues ses forces et toutes ses subtilités, tout ce que l’auteur lui-même a donné. Nous ne devons pas transformer le texte pour servir un personnage.
Au même titre, nous ne voulons pas trahir un personnage pour un texte : Je ne joue pas Witkiewicz, je joue avec. (Tadeusz Kantor)
Trouver l’osmose entre le texte, l’espace et le geste pour en faire une réalité scénique. Créer son propre personnage et l’habiller de toute l’ambiguïté du moment. Si le masque met en évidence un état d’âme ou un reflet du caractère, trouver le geste, le pas, le mot, pour que l’harmonie se fasse en ce lieu précis où chacun existe et se regarde. Et si cela ressemble soudain à la guerre, en prendre enfin conscience, et décider peut-être de ne plus la faire. Et quand cela ressemble à l’amour, le vivre enfin.
Comment le comédien ayant acquis une assurance technique se retrouve-t-il confronté à des indications de jeu faisant état de son ready-made ?
Comment se défaire de la mémoire affective tout en gardant pour le public les notions de vérité émotionnelle dans l’action fictive que réclame le jeu théâtral ?
Qu’est-ce qu’une marionnette sans fil lorsqu’elle commence à s’agiter ?
Comment être soi sur scène, dans cet espace de réelle liberté ?
Nous vivons au rythme des images, l’immobilité dérange, l’émotion se vend à l’audimat. Et si le jeu théâtral était fiction pour ne pas se leurrer ?
Le comédien est-il un joueur, un exhibitionniste, un esclave ou un saint ?
Que va-t-il naître de sa relation avec le metteur en scène, avec la troupe, avec le public ?
Le masque

mms_20150911_31-1« Il est là, posé, inerte,
Objet d’une somptueuse beauté.
Il attend ; rien n’altère sa patience.
Comme tous les objets, il est ‘malin’, cruel.
Pour qu’il devienne acte de vie, il faut le dompter. »Ôter son propre masque et le figer dans le plâtre pour en comprendre la morphologie. À partir de quelques techniques simples – papier mâché, terre, bandes à plâtre – créer un autre masque, un visage né de l’imaginaire et des mains.Le masque expressif met en évidence un caractère, un état d’âme. Pour que l’acteur donne corps au masque, chaque geste, chaque pas, chaque tempo, doit être en parfaite harmonie avec lui.Il nécessitera donc une parfaite connaissance des habitudes gestuelles propres à chacun et permettra au comédien d’exprimer d’une façon corporelle plus intense un sentiment ou un caractère.Le masque neutre représente la transparente image du visage humain figé dans l’instant du vide.Le geste, le corps, la situation, le rapport avec d’autres corps et d’autres mouvements, donnent un sens et un sentiment à ce masque extatique et limpidement vide. (Giorgio Stehler, Bouffonneries n°5, Les masques d’Amleto Sartori)

Sous le masque neutre, dont la caractéristique essentielle reste l’absence de toute connotation émotionnelle, le comédien peut sourire, pleurer ou grimacer, mais s’oblige à garder la maîtrise complète de son corps. Il n’exprime alors toutes ses émotions que par l’expression naturelle de son corps.

orientation du travailorientation du travailDSCF9294

Questions et réflexions

Le théâtre n’est pas un acte anodin.Pourquoi vouloir devenir acteur ?
Réponse à trouver en dehors de l’atelier en partageant les recherches avec le groupe.Comment devenir acteur ?
Réponse à trouver dans l’atelier pendant le travail.Nous nous efforcerons de remplacer le plus souvent le mot pourquoi par le mot comment.Quelles sont les principales qualités de l’acteur ?
Il n’y a pas vraiment de qualité particulière si ce n’est de savoir développer plus d’intuition que d’intelligence formelle – cette intuition est en effet nécessaire pour appréhender un rôle, sentir un personnage ou comprendre un texte écrit à un moment précis par un individu précis désireux d’exprimer une idée dont l’acteur se fera le porte-parole – et de posséder un fort désir de théâtre, exiger beaucoup de soi, être volontaire, s’efforcer d’être en bonne forme physique et en énergie.orientation du travailComment faire face au regard des autres ?
C’est au professeur de savoir déceler la singularité de chaque élève, l’aider à maîtriser ses propres techniques pour ensuite les dépasser et trouver une liberté dans le jeu. Chaque individu possède des possibilités qu’il est plus facile de bloquer que de faire éclore. Le professeur se doit d’être vigilant, de prendre en compte l’élève dans ses moindres blocages, peurs et inhibitions et ainsi lui permettre de libérer son imaginaire.

D’autre part, nous travaillerons sur l’idée du groupe, de la troupe. Pour trouver une énergie et une concentration commune. En training ou en répétition, lorsque le sens du travail de chacun se veut individualiste (je dois défendre mon personnage pour l’imposer sur le plateau) ne jamais perdre de vue que tous les personnages de la pièce ont une même importance, une même réalité, et ne sont crédibles qu’ensemble.

 

Références et méthodologiestannisvski

Constantin Stanislavski (puisqu’il faut en passer par là, pour comprendre un jour que le seul personnage sur scène est l’acteur avec toute sa liberté.)Fouiller la mémoire émotionnelle, revivre l’émotion, retrouver les gestes.
Aller dans les profondeurs psychologiques des personnages demande une préparation physique, une libre circulation des énergies, une forte concentration, tout cela requière une dimension presque spirituelle pour chaque mouvement.

 

Ludwig FFlaszenlaszen (parce que sur scène on ne joue pas…)

Être productif pour ne pas être reproductif. Dépasser les stéréotypes du jeu, les habitudes personnelles et les clichés. Désapprendre. Ne pas chercher à jouer bien, accepter de chanter faux pour naturellement retrouver le ton juste (la fameuse colonne d’air).
Chaque geste donne un son à la respiration.

 

Isaac AlvAlvarezarez (parce que : marcher, danser son corps !)

Le silence avant et après la parole est souvent plus éloquent que les mots.
Le masque neutre de Sartori est un masque de travail, il permet d’intérioriser les émotions pour les exprimer corporellement.
Comprendre les quatre éléments (terre, eau, feu, air) pour les retrouver dans nos gestes.

 

KantorTadeusz Kantor (parce que toujours présent aux côtés de ses comédiens)

Les objets, le décor, les mannequins prennent vie et ses confondent aux acteurs qui apparaissent tantôt comme des spectres, des pantins ou des enfants découvrant le geste et la parole. Le texte, le personnage, la scénographie – trois entités qui se confondent tout en revendiquant leur entièreté. Le ready-made des dadaïstes s’accorde aux différents personnages non acteurs évoluant dans un espace où chaque rythme est orchestré par un metteur en scène toujours présent et revivant chaque soir ses mémoires.

Bibliographie indicative et non exhaustive

Antonin Artaud, Le théâtre et son double
Eugenio Barba, L’archipel du théâtre
Augusto Boal, Le théâtre de l’opprimé
Peter Brook, L’espace vide
Diderot, Paradoxe sur le comédien
Etienne Decroux, Paroles sur le mime
Martin Esslin, Le théâtre de l’absurde
Jean-Cyrille Godefroy, Toutes les mises en scène d’Antoine Vitez
Jerzy Grotowski, Vers un théâtre pauvre
Tadeusz Kantor, Le théâtre de la mort
Enzo Corman, A quoi sert le théâtre ?
Jacques Lecoq, Le corps poétique
Yoshi Oida, L’acteur invisible
Guy Scarpetta, Kantor au présent
Constantin Stanislavski, La construction du personnage
Lee Strasberg, Le travail à l’Actors Studio
Le training de l’acteur, Actes Sud Papiers